dimanche 24 novembre 2013

Le sapin - Hans Christian Andersen


Dans la forêt, il y avait un joli sapin. Il était bien placé : du soleil, il pouvait en avoir, de l’air, il y en avait suffisamment et tout autour poussaient beaucoup de camarades plus grands, sapins et pins à la fois. Mais le petit sapin était très impatient de grandir. Il ne pensait pas au chaud soleil et à l’air frais, il n’avait cure des enfants de paysans qui passaient, bavardant quand ils allaient cueillir des fraises ou des framboises. Souvent, ils en avaient un pot tout plein, ou des fraises embrochées sur une paille, puis ils s’asseyaient près de l’arbrisseau en disant : « Oh ! comme il est mignon, ce petit-là ! » Cela, l’arbre ne voulait absolument pas l’entendre.

Noël - Andrée Sodenkamp


Tout l’amour tente encor de gagner la bataille
La neige du jardin a pris son air d’été.
Dieu glisse doucement de la femme à la paille
L’aile de l’ange porte un peu de sang léger.

J’écoute quelque part marcher de lourdes bêtes,
La lune fait briller des tapis à leurs flancs
Et des rois costumés d’avance pour la fête
Avec des gestes ronds se parlent d’un enfant.

Les étrennes des orphelins - Arthur Rimbaud

Perow Grigorjewitsch Wassilij - "Les enfants qui dorment"
I

La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
- Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

Harold et Maude - Colin Higgins


[…]

Harold et Maude, perchés sur le capot du corbillard, regardaient une entreprise de construction jeter bas un vieil immeuble, de l’autre côté de la rue. Une lourde boule de fer se balançant au bout d’une chaîne, au sommet d’une haute grue, défonçait briques et mortier, tandis qu’un énorme bulldozer pelletait les gravats et les déversait dans un camion.

-C’est fascinant ! s’exclama Maude, criant pour dominer le vacarme. Absolument fascinant !

Et elle continua, captivée, de contempler ce spectacle.

-Je suis ravi que ça vous plaise, fit Harold, mais je vais vous emmener voir quelque chose de plus sensationnel encore.

Enigme littéraire : Enigme 47 - Charles Cotin

Charles Cotin
Charles Cotin, dit «  l’abbé Cotin » (1604-1681),fut aumônier du roi Louis XIII , mais également poète. Il entra à l’Académie française en 1655. Molière, en profonde discorde avec  cet homme d’église, s’en est inspiré pour son personnage de Trissotin dans « Les femmes savantes ». 

Charles Cotin publie en 1646 un recueil d’énigmes intitulé « Enigmes de ce temps ». Je vous propose ici l’énigme numéro 47 de cet ouvrage :


Mon corps est sans couleur comme celui des eaux,
Et selon la rencontre il change de figure ;
Je fais plus d’un seul trait que toute la peinture,
Et puis mieux qu’un Apelle animer mes tableaux.

Je donne des conseils aux esprits les plus beaux,
Et ne leur montre rien que la vérité pure ;
J’enseigne sans parler autant que le jour dure,
Et la nuit on me vient consulter aux flambeaux.

Parmi les curieux j’établis mon Empire,
Je représente aux Rois ce qu’on n’ose leur dire,
Et je ne puis flatter ni mentir à la Cour.

Comme un autre Pâris je juge les Déesses,
Qui m’offrent leurs beautés, leurs grâces, leur richesses,
Et j’augmente souvent les charmes de l’amour.

                                     Charles Cotin