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7 mars
A day on ice, les yeux rivés sur les motifs du manteau. Les fractures et les fissures tressent dans le corps gelé un feuilletage électrique dont le courant se propage nerveusement. Les lignes se rétractent, se rejoignent, s’écartent. La glace a absorbé l’énergie des chocs en la distribuant le long de faisceaux nerveux. Les coups de boutoir crèvent le silence. Ils proviennent de l’écho d’une explosion distante de dizaines de kilomètres. Le bruit se décharge par ces réseaux de veinures. Les rayons solaires se réfractent dans les anastomoses. L’écheveau s’enlumine. La lumière irradie les veines de turquoise, les féconde de traînées d’or. La glace se convulse. Elle vit et je l’aime. Les serpentins nacrés dessinent des nœuds pareils aux images des tissus neuronaux ou aux représentations des champs de poussière stellaire. La carte de ces emmêlements tient du psychédélique. Sans drogue, sans vin, mon cerveau perçoit des séquences hallucinatoires. Le monde laisse entrevoir une écriture inconnue. Les motifs défilent, comme nés d’une fumée d’opium. La nature ne nous laisse même pas la consolation de pouvoir projeter des images inédites sur l’écran de notre psyché.
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