Bénédiction du feu
L’hiver resserre autour du foyer la famille.
Voici Noël. Voici la bûche qui pétille ;
Le « carignié », vieux tronc énorme d’olivier
Conservé pour ce jour, flambe au fond du foyer.
Ce soir, le « gros souper » sera bon, quoique maigre.
On ne servira pas l’anchois rouge au vinaigre,
Non, mais on mangera ce soir avec gaîté
La morue au vin cuit et le nougat lacté,
Oranges, raisins secs, marrons et figues sèches.
Dans un coin les enfants se construisent des crèches,
Théâtres où l’on met des pierres pour décor
Et de la mousse prise aux vieux murs, puis encor’
Des arbres faits d’un brin de sauge, et sur ces cimes,
Le long des fins sentiers côtoyant ces abîmes,
Des pâtres et des rois se hâtent vers le lieu
Où vagit, entre l’âne et le bœuf, l’enfant-Dieu.
Lorsque naquit en lui la Parole nouvelle,
Le blé vert égayait la terre maternelle.
Or, dès la Sainte-Barbe, on fait (semé dans l’eau)
Lever pour la Noël un peu de blé nouveau :
Sur des plats blancs on voit, humble, verdir cette herbe,
Gage mystérieux de la future gerbe,
Qui dit : « Aimez. Croyez. Noël ! Voici Noël !
Je suis le pain de vie et l’espoir éternel. »