C’est l’Arbre. Il est opaque, immobile, et vivant.
Il baigne dans le ciel, il trempe dans le vent.
Une nuit verte inonde en plein jour ses ramures.
La moindre brise en tire un millier de murmures
Et toujours quelque oiseau qui plonge dans l’air bleu ;
Puis, quand le crépuscule épaissit peu à peu,
Tel qu’une eau sous-marine et glauque, le silence,
Lentement il le boit comme une éponge immense.
Son front semble, le soir, se perdre au plus profond
De l’ombre, et par les nuits où les étoiles font
Luire au travers et scintiller leurs clartés blanches,
Il a l’air de porter tout le ciel dans ses branches.
Il se dresse touffu, secret, vertigineux :
Son tronc énorme est bossué d’énormes nœuds ;
De vifs surgeons verdoient à son pied centenaire ;
Chacun de ses rameaux semble un arbre ordinaire…
Quelle pensée auguste et douce habite en lui ?
Que rêves-tu, grande Ame encor jeune aujourd’hui
Qui l’occupes du fond des temples, et t’y recueilles ?
On le sent respirer, lent, de toutes ses feuilles…
Fernand Gregh |
Fernand Gregh (1873 – 1960) était un poète et écrivain français, qui fut élu à l’Académie française en 1953.
« L’arbre » est un poème très visuel que je trouve magnifique. L’auteur a plume pleine de douceur et d’imagination.
Combien sommes-nous à passer sous un bel arbre chaque jour ? Pourtant, il faut avoir le regard rêveur du poète, sa délicate sensibilité, son cœur d’enfant, pour pouvoir transmettre une interprétation aussi singulière de ce qui paraît banal à bien des gens.
Je lis et relis ces vers avec un tel émerveillement…Allez, encore une dernière fois. Voilà. A vous maintenant, laissez les mots ronronner à votre oreille…
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