Madame la Terre a le sommeil dur.
Elle dort depuis plusieurs mois, chaudement blottie sous sa couverture blanche. Mais un beau jour une servante arrive en courant pour la réveiller. C’est le Soleil qui l’envoie.
-Madame la Terre, Madame la Terre, il faut vous lever. Il y a là quelqu’un qui désire vous voir. C’est Monsieur Printemps. Il dit qu’il est pressé !
Madame la Terre ouvre un œil, puis l’autre, bâille, et répond d’une voix endormie :
-Est-ce possible qu’il soit déjà là ? Il me semble que je viens de m’endormir. Allons, je me lève…Va me chercher une robe dans mon armoire. Tu ne prendras pas la rouge, que je garde pour l’automne, ni la bleue brodée d’or, qui est pour l’été. Cherche tout au fond – car il y a longtemps que je ne l’ai portée – ma robe verte, semée de pâquerettes et de myosotis.
Qu’on envoie maintenant un message au pommier et au cerisier pour qu’ils se couvrent de fleurs, et aux prés pour qu’ils se hâtent de reverdir. Il me faudra aussi des musiciens pour la fête que, chaque année, j’offre à Monsieur Printemps. Qu’on prévienne le merle et le pinson ; ils sont toujours prêts les premiers. Quant à l’hirondelle, elle est en route, mon cœur me le dit. Et les petits ruisseaux ont déjà commencé leur musique.
Mais allons vite à la rencontre de Monsieur Printemps. S’il s’était lassé d’attendre, s’il était reparti, quel malheur ! Cours en avant, ma fille. Ouvre la porte toute grande, fais-lui ta plus belle révérence et dis-lui :
-Monsieur Printemps, entrez je vous prie, Madame la Terre sera à vous dans un instant.
Extrait du livre de Noémi Weiller : « Contes d’ailleurs et d’autrefois », éd.Nathan, 1913.
Un conte poétique qui stimulera l’imagination de vos « p’tits loups d’amour »…
J’aurais aimé vous parler de Noémi Weiller, l’auteur de cette histoire, mais malheureusement, je n’ai trouvé aucun élément biographique à son sujet.
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