Le "France" |
Qu’on appelait le « Queen Mary »
Quand je pense à la vieille anglaise
Échouée si loin de ses falaises
Sur un quai de Californie
Quand je pense à la vieille anglaise
J’envie les épaves englouties
Longs courriers qui cherchaient un rêve
Ne m’appelez plus jamais « France »
La France elle m’a laissé tomber
Ne m’appelez plus jamais « France »
C’est ma dernière volonté
J’étais un bateau gigantesque
Capable de croiser mille ans
J’étais un géant, j’étais presque,
Presque aussi fort que l’océan
J’étais un bateau gigantesque
J’emportais des milliers d’amants
J’étais la France, qu’est-ce qu’il en reste ?
Un corps mort pour des cormorans
Ne m’appelez plus jamais « France »
La France elle m’a laissé tomber
Ne m’appelez plus jamais « France »
C’est ma dernière volonté
Quand je pense à la vieille anglaise
Qu’on appelait le « Queen Mary »
Je ne voudrais pas finir comme elle
Sur un quai de Californie
Que le plus grand navire de guerre
Ait le courage de me couler !
Le cul tourné à Saint- Nazaire
Pays breton où je suis né
Ne m’appelez plus jamais « France »
La France elle m’a laissé tomber
Ne m’appelez plus jamais « France »
C’est ma dernière volonté
La chanson :
Michel Sardou |
Cette chanson est chantée en novembre 1975 par Michel
Sardou. Elle sort en 45 tours vinyle et
se vend à 500.000 exemplaires en deux semaines ! La voix puissante du chanteur, couplée à des
mots forts et émouvants, vont faire de ce titre un succès phénoménal.
Le transatlantique
« France » est un symbole de grandeur, et un sujet de grande fierté
pour les français. Or en 1975, il rouille, amarré au « quai de
l’oubli » ou « quai de la honte » du Havre (lire le chapitre
suivant : histoire du « France »). C’est Pierre Delanoë qui
propose à Michel Sardou un début de texte : « Je suis le France,
pas la France ». Sardou
raconte : « Je me suis mis au piano et j’ai commencé à bricoler
un texte. L’idée m’est venue de faire parler le bateau, de lui faire raconter
l’histoire. Dans mon esprit, ce ne devait pas être une chanson engagée ».
Or, l’immobilisation du « France » signifie la fin des traversées
transatlantique pour le Havre et 2500 suppressions d’emploi…La chanson de
Sardou est saluée par les syndicats et par le parti communiste. Des grèves et
des manifestations auront lieu à bord du navire. En vain, car après son rachat
en 1979 par une compagnie norvégienne, toutes les rénovations sont entreprises en Allemagne, à Bremerhaven
et Miami devient son port d’attache.
La chanson fait également référence au « Queen
Mary », le paquebot transatlantique britannique inauguré en 1936, surnommé le « Old Lady » et
reconnaissable à ses trois immenses cheminées. Pendant la guerre, il fut
employé au transport de soldats avant de reprendre ses voyages transatlantiques
au service de passagers civils. Il désarme en 1967, après 1001 traversées, puis
est lui aussi oublié des années durant, sur un quai de Californie, plus
exactement à Long Beach. On pouvait craindre le pire, mais le destin du
« Queen Mary » est plus clément que celui du « France ». En 1980, il est racheté par la société Wrather
Company et devient une attraction touristique. La compagnie est elle-même
rachetée en 1988 par Walt Disney Company. Le bateau est transformé en
hôtel-restaurant, les environs deviennent un parc à thème, le DisneySea. La
compagnie Disney revend le paquebot en 1992 à la ville de Long Beach. À
signaler aux amateurs de
paranormal : le « Queen Mary » serait hanté ! (http://www.mystere-tv.com/le-navire-
hanté)
Le "Queen Mary" |
Mais revenons à notre chanson « Le France » et à
son actualité. Aujourd’hui encore, elle est celle que le public demande
toujours à Michel Sardou, avant même la fameuse « maladie d’amour ».
C’est pourquoi le chanteur vient d’enregistrer une nouvelle version de ce tube,
déjà disponible sur les sites de vente en ligne. « Le France » est à
entendre dès le mois d’octobre 2012 sur le nouvel album de Sardou, un best of
réunissant tous ses succès.
Histoire du
« France » :
photo
Le « France » est construit entre 1957 et 1960,
dans les Chantiers de L’Atlantique de Saint-Nazaire, en Bretagne (France). Ce
paquebot transatlantique est le plus long bateau de son époque. Il est conçu
pour traverser l’Atlantique en 5 jours, à la vitesse de 31 nœuds, grâce à des
superstructures innovantes en alliage d’aluminium qui le rendent plus léger,
couplées à ses 8 chaudières ultra puissantes et à quatre ailerons
stabilisateurs de roulis. Ses finitions sont luxueuses : verreries en
cristal, tapisseries précieuses, tableaux de Duffy et d’Utrillo. Il est équipé
de 2 piscines, d’un théâtre de 700 places et d’un restaurant gastronomique.
Sans oublier l’air climatisé dans toutes les cabines passagers, ainsi que dans
les postes d’équipage, grande prouesse à l’époque…Il peut transporter un
maximum de 2400 passagers et 1100 membres d’équipage.
Le 11 mai 1960, il est lancé en grande pompe par le Général
de Gaulle, qui dira au terme de son discours : « […] Vive le France, vive la France ! ». Ce
bateau devient donc le symbole de la grandeur d’une nation et de son
savoir-faire.
En février 1962 a lieu sa croisière inaugurale vers New York
pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique. Il y est accueilli par
une foule immense et enthousiaste. Il arrive avec 10 minutes d’avance, malgré 3
jours de gros temps.
Arrivée du "France" à New York en 1962 |
Mais dès 1965, le France
est dans les chiffres rouges, obligeant le gouvernement français à renflouer
les caisses. L’aviation se démocratise, et le choc pétrolier de 1973 avec ses hausses
du prix du carburant sonnent le glas du géant des mers. En 1974, le
gouvernement Chirac annonce la faillite et le bateau est remorqué dans la zone
industrielle du Havre, au « quai de l’oubli », où il restera pendant
4 ans. C’est en 1975 que Michel Sardou chante sa célèbre chanson « Le
France ».
En 1977, le bateau est racheté par un riche homme d’affaires
saoudien, « pour le protéger des ferrailleurs », mais sans revoir la
mer.
Le "Norway" |
En 1979, un armateur norvégien achète le bateau. Il y fait
des travaux de rénovation intérieure, aménage une discothèque, un casino, des
salles de conférence, améliore l’aspect technique, repeint la coque en bleu et baptise le bâtiment « Norway ». Le paquebot
va désormais croiser dans les eaux turquoises des Caraïbes. Son port d’attache
aux Etats-Unis sera à Miami. En 1990, deux ponts préfabriqués sont ajoutés pour
accueillir des cabines de luxe. Il peut désormais accueillir 2560 passagers et
950 membres d’équipage.
En mai 2003 à Miami, une de ses chaudières explose et tue plusieurs marins.
Le bateau est très endommagé. Il nécessite un investissement conséquent. Malgré
sa bonne conservation générale, le bateau se fait vieux et la compagnie
norvégienne a d’autres priorités. Il reste donc amarré à quai pendant 2 ans en Allemagne, puis est remorqué
jusqu’en Malaisie. Il y sera entièrement pillé. En 2006, il est racheté par un
démolisseur et devient le « Blue Lady ». Son démantèlement dans le
port d’Along en Inde, prendra deux ans.
Le "Blue Lady" |
Seule la proue du « Blue Lady » est épargnée,
ainsi que quelques objets. Ils sont vendus aux enchères le 8 février 2009 à
Paris (l’équivalent de 300 lots :
calendrier, les maillons de la chaîne de l’ancre, des hublots, un guéridon, un
calendrier, une carte postale, une boîte d’allumettes, etc…). Le nez du
paquebot part pour 273.000 euros. Il est la propriété d’une société immobilière
de Deauville.
La proue du "Blue Lady" |
Didier Spade est
actuellement dépositaire de cette pièce. Il est entrepreneur et a initié le projet de construction d’un
nouveau « France » sur le chantier naval de Saint-Nazaire. Je vous
suggère de vous rendre sur le site http://www.lenouveaufrance.fr
pour en suivre l’avancement.
Le nouveau "France" |
Sources
principales: Wikipédia « France »
lefigaro.fr
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