vendredi 6 avril 2012

Indignez-vous! - Stéphane Hessel

 
[…] Le motif de base de la Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir un motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler. Ces droits, dont la Déclaration universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels. Si vous rencontrez quelqu’un qui n’en bénéficie pas, plaignez-le, aidez-le à les conquérir. […]

C’est vrai, les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. Qui commande, qui décide ? Il n’est pas toujours facile de distinguer entre tous les courants qui nous gouvernent. Nous n’avons plus affaire à une petite élite dont nous comprenons clairement les agissements. C’est un vaste monde, dont nous sentons bien qu’il est interdépendant. Nous vivons dans une interconnectivité comme jamais encore il n’en a existé. Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire « je n’y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essentielles qui font l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence. […]


Extrait di livre : « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, éd. Indigène


Je ne fais pas de politique. Mais, au vu du battage médiatique fait autour de ce petit livre depuis sa parution en 2010, des multiples interventions radiophoniques ou télévisuelles de Stéphane Hessel, auteur qui a tout de même 94 ans,  la curiosité a pris le dessus et je l’ai lu. Et comme moi, des millions d’autres lecteurs à travers le monde, puisqu’il a été traduit en 34 langues…En octobre 2011, après exactement une année d’exploitation, il s’en est déjà vendu plus de deux millions d’exemplaires !

Stéphane Hessel est un ancien déporté, actif dans la Résistance. Il fut ensuite secrétaire de la Commission des Droits de l’Homme au moment où elle rédigea la Déclaration universelle des droits de l’homme. Puis il travailla en tant que diplomate, avec des inclinaisons de gauche.

Dans cet essai, il commence par expliquer les principes et les valeurs issus de la Résistance. Puis il pointe du doigt différents thèmes, en vrac : la nécessité d’une liberté totale de la presse, le problème du conflit israëlo –palestinien, la main mise du monde financier sur nos sociétés, les dérives gouvernementales, la lutte des professeurs français contre des réformes qu’ils jugent absurdes, le manque d’égards envers les sans-papiers, les Roms et les immigrés, l’écart de plus en plus manifeste entre les plus riches et les pauvres, l’affaiblissement des acquis sociaux.  Il incite à l’indignation sur toutes les formes d’injustice, mais tout en restant pacifique et non- violent.

Il a bien été entendu, au vu des nombreuses manifestations disséminées dans le monde au  nom des « indignés ».

Qu’ai-je pensé de ce livre ? Il est vrai que Stéphane Hessel a su trouver les mots pour traduire le malaise profond d’une société qui s’interroge sur ses choix et ses orientations. Son discours est en contradiction avec l’individualisme ambiant : selon lui, l’intérêt général doit primer sur l’intérêt particulier. Il a certainement engendré bien des espoirs, ce qui explique peut-être cet engouement proche du phénomène de société… Mais à mon sens, ses constats ne sont pas vraiment novateurs, et on ne fait que survoler des problèmes de société, sans être suffisamment pointu… Normal, me direz-vous, que peut-on approfondir en 16 pages (les 16 autres pages sont des ajouts de l’éditeur) ? D’accord, mais il n’a pas été à la hauteur de mes attentes et je suis restée sur ma faim. Tout de même…on parle d’un super best-seller, non ? Et vous, quel a été votre regard ?   

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