[…] Le
motif de base de la
Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements
de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons
les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses
idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les
responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société
ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle
dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la
démocratie.
Je vous
souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir un motif d’indignation. C’est
précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le
nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de
l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun.
Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté
incontrôlée du renard dans le poulailler. Ces droits, dont la Déclaration
universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels. Si vous rencontrez
quelqu’un qui n’en bénéficie pas, plaignez-le, aidez-le à les conquérir. […]
C’est vrai,
les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde
trop complexe. Qui commande, qui décide ? Il n’est pas toujours facile de
distinguer entre tous les courants qui nous gouvernent. Nous n’avons plus
affaire à une petite élite dont nous comprenons clairement les agissements.
C’est un vaste monde, dont nous sentons bien qu’il est interdépendant. Nous
vivons dans une interconnectivité comme jamais encore il n’en a existé. Mais
dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien
regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez
trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire « je n’y peux
rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des
composantes essentielles qui font l’humain. Une des composantes
indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la
conséquence. […]
Extrait di
livre : « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel, éd.
Indigène
Je ne
fais pas de politique. Mais, au vu du battage médiatique fait autour de ce
petit livre depuis sa parution en 2010, des multiples interventions
radiophoniques ou télévisuelles de Stéphane Hessel, auteur qui a tout de même
94 ans, la curiosité a pris le dessus
et je l’ai lu. Et comme moi, des millions d’autres lecteurs à travers le
monde, puisqu’il a été traduit en 34 langues…En octobre 2011, après
exactement une année d’exploitation, il s’en est déjà vendu plus de deux
millions d’exemplaires !
Stéphane
Hessel est un ancien déporté, actif dans la Résistance. Il
fut ensuite secrétaire de la
Commission des Droits de l’Homme au moment où elle rédigea la Déclaration
universelle des droits de l’homme. Puis il travailla en tant que diplomate,
avec des inclinaisons de gauche.
Dans cet
essai, il commence par expliquer les principes et les valeurs issus de la Résistance. Puis
il pointe du doigt différents thèmes, en vrac : la nécessité d’une
liberté totale de la presse, le problème du conflit israëlo –palestinien, la
main mise du monde financier sur nos sociétés, les dérives gouvernementales,
la lutte des professeurs français contre des réformes qu’ils jugent absurdes,
le manque d’égards envers les sans-papiers, les Roms et les immigrés, l’écart
de plus en plus manifeste entre les plus riches et les pauvres, l’affaiblissement
des acquis sociaux. Il incite à
l’indignation sur toutes les formes d’injustice, mais tout en restant
pacifique et non- violent.
Il a bien
été entendu, au vu des nombreuses manifestations disséminées dans le monde
au nom des « indignés ».
Qu’ai-je
pensé de ce livre ? Il est vrai que Stéphane Hessel a su trouver les
mots pour traduire le malaise profond d’une société qui s’interroge sur ses
choix et ses orientations. Son discours est en contradiction avec
l’individualisme ambiant : selon lui, l’intérêt général doit primer sur
l’intérêt particulier. Il a certainement engendré bien des espoirs, ce qui
explique peut-être cet engouement proche du phénomène de société… Mais à mon
sens, ses constats ne sont pas vraiment novateurs, et on ne fait que survoler
des problèmes de société, sans être suffisamment pointu… Normal, me
direz-vous, que peut-on approfondir en 16 pages (les 16 autres pages sont des
ajouts de l’éditeur) ? D’accord, mais il n’a pas été à la hauteur de mes
attentes et je suis restée sur ma faim. Tout de même…on parle d’un super
best-seller, non ? Et vous, quel a été votre regard ?
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