Charles Baudelaire |
Voici un poème de Charles Baudelaire paru à titre posthume dans le recueil « Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose » en 1869:
L’étranger
-Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis, ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
-Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
-Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
-Ta patrie ?
-J’ignore sous quelle latitude elle est située.
-La beauté ?
-Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
-L’or ?
-Je le hais comme vous haïssez Dieu.
-Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
…
Réponse :
-J’aime les nuages…Les nuages qui passent…là-bas…là-bas…les merveilleux nuages !
Cette réponse est emblématique de la pensée baudelairienne : le poète est condamné à vivre avec sa différence et sa solitude. Incompris, il renvoie l’image d’un marginal, d’un homme étrange, imperméable à la société matérialiste, bien-pensante et pétrie de certitudes qu’il doit subir au quotidien. Il revendique son lien privilégié avec le monde du rêve et son besoin viscéral de nourriture imaginaire.
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