jeudi 5 février 2015

Enigme littéraire - Charles Baudelaire

Charles Baudelaire

Voici un poème de Charles Baudelaire paru à titre posthume dans le recueil « Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose » en 1869:

L’étranger

-Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis, ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?

-Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.

-Tes amis ?

- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.

-Ta patrie ?

-J’ignore sous quelle latitude elle est située.

-La beauté ?

-Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.

-L’or ?

-Je le hais comme vous haïssez Dieu.

-Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?






Quelle est la réponse de l’étranger ?






Réponse :

-J’aime les nuages…Les nuages qui passent…là-bas…là-bas…les merveilleux nuages !




Cette réponse est emblématique de la pensée baudelairienne : le poète est condamné à vivre avec sa différence et sa solitude. Incompris, il renvoie l’image d’un marginal, d’un homme étrange, imperméable à la société matérialiste, bien-pensante et pétrie de certitudes qu’il doit subir au quotidien. Il revendique son lien privilégié avec le monde du rêve et son besoin viscéral de nourriture imaginaire.

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