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Boris Vian |
Boris
Vian (1920 – 1959) a écrit une centaine de chansons, mais « Le
déserteur » est incontestablement la plus connue de toutes, aussi bien
dans les pays francophones qu’ailleurs dans le monde, Vian l’ayant aussi
produite dans sa version anglaise.
Il écrit
ce texte anti-militariste en février 1954 sous forme de poème, à la fin de la
guerre d’Indochine (1946 – 1954), mais juste avant la guerre d’Algérie (1954
-1962). En collaboration avec Harold B.Bercy, il le met en musique, puis il
propose la chanson à bon nombre d’artistes, mais tous refusent de
l’interpréter. En effet, la version d’origine comporte une fin très
différente : au lieu de « si vous me poursuivez prévenez vos
gendarmes que je n’aurai pas d’armes et qu’ils pourront tirer », il
avait écrit « si vous me poursuivez prévenez vos gendarmes que je
possède une arme et que je sais tirer ».
Le
chanteur Mouloudji propose alors à Boris Vian d’apporter des modifications
visant à rendre le texte politiquement plus correct, tout en restant dans une
logique pacifiste. Il transforme donc la fin, mais également quelques phrases
centrales, « Monsieur le Président » devient « Monsieur que
l’on nomme grand », « Ma décision est prise je m’en vais
déserter » devient « Les guerres sont des bêtises, le monde en a
assez ». L’enregistrement a lieu en mai 1954, juste après la défaite
française de Diên Biên Phu. Mais malgré toutes les édulcorations du texte
original, la chanson fait un scandale retentissant dans le contexte historique
et politique de l’époque. Elle fut censurée à la radio et le disque interdit
de vente jusqu’en 1962. Autant dire que Boris Vian, décédé en 1959, n’aura
vécu que les échecs et les remous liés à sa composition…
Pourtant,
au cours des années 1970, lors des manifestations pacifistes contre la guerre
du Viêt Nam, Joan Baez reprend ce titre et le chante devant les foules
rassemblées.
Il en fut
de même lors des manifestations contre la guerre du Golfe en 1991.
La
chanson s’impose une fois de plus dans l’actualité journalistique le 8 mai
1999. À Montluçon, lors de la cérémonie de commémoration de la capitulation
de l’Allemagne nazie (8 mai 1945), la directrice de l’école fait chanter
« le déserteur » à deux élèves de 10 ans devant le monument aux
morts, en présence d’un parterre d’officiels et d’anciens combattants. Nouveau
scandale : on lui reproche vertement de prôner la désertion et la
désobéissance, alors que quantité de soldats courageux sont morts pour la
patrie. Elle fut suspendue à vie de toute direction d’établissement.
Je ne
peux que vous conseiller la lecture des paroles de la chanson de Jean Ferrat
« Pauvre Boris », où le chanteur s’adresse à Vian en parlant avec
ironie du succès posthume de sa chanson « le déserteur ». Vous la
trouverez sur ce site à la rubrique « Poèmes et chansons ».
Cette
chanson a été interprétée par Johnny Hallyday, Hugues Aufray, Marc Lavoine et
bien d’autres. Vous pouvez l’écouter d’un clic sur votre site musical
préféré.
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