Ô jeunes
gens ! Elus ! Fleurs du monde vivant,
Maîtres du
mois d’avril et du soleil levant,
N’écoutez
pas ces gens qui disent : soyez sages !
La sagesse
est de fuir tous ces mornes visages !
Soyez
jeunes, gais, vifs, amoureux, soyez fous !
Ô doux
amis, vivez, aimez ! Défiez-vous
De tous ces
conseillers douceâtres et sinistres.
Vous avez
l’air joyeux, ce qui déplaît aux cuistres.
Des cheveux
en forêt, noirs, profonds, abondants,
Le teint
frais, le pied sûr, l’œil clair, toutes vos dents ;
Eux, ridés,
épuisés, flétris, édentés, chauves,
Hideux ;
l’envie en deuil clignote en leurs yeux fauves.
Oh !
comme je les hais, ces solennels grigous !
Ils
composent, avec leur fiel et leurs dégoûts,
Une sagesse
pleine et d’ennui et de jeûnes,
Et, faite pour
les vieux, osent l’offrir aux jeunes !
Extrait du recueil
posthume « Océan », de Victor Hugo.
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Victor
Hugo (1802-1885) nous mène avec intelligence et élégance là où il veut !
Balayé, le cliché de la sagesse de l’âge, on en viendrait presque à penser
comme lui…si la raison ne venait pas tempérer un peu l’ardeur de ce discours.
On ne sait pas à quelle époque de sa vie
Hugo a écrit ces vers. En effet, quantité d’écrits n’ayant jamais été publiés
ont été retrouvés à son décès, dont celui-ci. Ce poème est donc paru en 1942,
dans un recueil d’œuvres posthumes intitulé « Océan ».
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