vendredi 20 juillet 2012

Les choses - Jean-Jacques Goldman

 

Si j’avais ci, si j’avais ça,
Je serais ceci, je serais cela,
Sans choses, je n’existe pas,
Les regards glissent sur moi.
J’envie ce que les autres ont,
Je crève de ce que je n’ai pas,
Le bonheur est possession,
Les supermarchés : mes temples à moi.

Dans mes uniformes, rien que des marques identifiées,
Les choses me donnent une identité.

Je prie les choses et les choses m’ont pris,
Elles me posent, elles me donnent un prix.
Je prie les choses, elles comblent ma vie,
C’est plus « je pense », mais « j’ai, donc je suis ».

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre,
Une femme – objet qui présente bien.
Sans trône ou sceptre, je me déteste,
Roi nu, je ne vaux rien.

J’ai le parfum de Jordan,
Je suis un peu lui dans ces chaussures.
J’achète pour être, je suis
Quelqu’un dans cette voiture.
Une vie de flash en flash,
Clip et club et clope et fast –food,
Fastoche, speed ou calmant,
Mais fast tout le temps, zape le vide
Et l’angoisse.

Plus de bien, de mal, mais est –ce que ça passe à la télé ?
Nobel ou scandale, on dit « V.I.P. ».

Je prie les choses et les choses m’ont pris,
Elles me posent, elles me donnent un prix.
Je prie les choses, elles comblent ma vie,
C’est plus « je pense », mais « j’ai, donc je suis ».

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre,
Une femme – objet qui présente bien.
Sans trône ou sceptre, je me déteste,
Roi nu, je ne vaux rien.

Je prie les choses et les choses m’ont pris,
Elles me posent, elles me donnent un prix.
Je prie les choses, elles comblent ma vie,
C’est plus « je pense », mais « j’ai, donc je suis ».

Un tatouage, un piercing, un bijou
Je veux l’image, l’image et c’est tout.
Le bon langage, les idées qu’il faut,
C’est tout ce que je vaux.


                                    Jean – Jacques Goldman


Jean-Jacques Goldman
J’ai trouvé sur internet plusieurs versions de cette chanson : avec ou sans ponctuation. Lorsqu’il y a ponctuation, elle diffère encore d’un site à l’autre…Finalement, dans le doute, j’ai préféré opter pour la version qui me paraît la plus compréhensible…

J’aime beaucoup cette chanson. Sa lucidité, son ironie. La superficialité de notre société de consommation est parfois effarante. Mais dans un monde où l’apparence est idolâtrée, où les faux - semblants font loi, comment faire pour échapper à l’emprisonnement commercial associé à nos modèles? Cette chanson devrait être écoutée dans les classes pour que les adultes de demain apprennent à poser un regard distancié sur la société qu’on nous propose. Poser une limite à nos besoins, pouvoir sourire en observant les dérives des fashion victims, choisir de se faire aimer pour ce qu’on est et non pour nos artifices, apprendre à se contenter pour échapper à l’envie, ce n’est pas être ringard… C’est juste faire preuve de suffisammemt de caractère pour réussir à s’affirmer avec sa personnalité propre et  pouvoir dire non à un cortège sans fin de sollicitations et de frustrations ! 

Vous pouvez visionner le clip humoristique  de Goldman où « les choses attaquent », sur YouTube.  

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