vendredi 21 décembre 2012

Quand il neige - Albert Lozeau




Quand il neige sur mon pays
De gros flocons couvrent les branches,
Et les regards sont éblouis
Par la clarté des routes blanches.
Et dans les champs ensevelis,
La terre reprend le grand somme
Qu’elle fait pour mieux nourrir l’homme,
Quand il neige sur mon pays.

dimanche 16 décembre 2012

Trois anges sont venus - Augusta Holmès


Trois anges sont venus ce soir
M’apporter de bien belles choses,
L’un d’eux avait un encensoir,
L’autre avait un chapeau de roses,
Et le troisième avait en main
Une robe toute fleurie
De perles d’or et de jasmin
Comme en a Madame Marie.
Noël ! Noël !
Nous venons du ciel
T’apporter ce que tu désires,
Car le bon Dieu
Au fond du ciel bleu,
Est chagrin lorsque tu soupires.

dimanche 9 décembre 2012

La mandarine volée - Un conte du Japon


Jadis, vivait dans la ville japonaise d’Edo un juge nommé Ooka. C’était une dure époque où sévissaient les guerres et les persécutions et les pauvres gens étaient abreuvés d’injustices. Les jugements rendus dépendaient de la richesse des parties en présence : l’argent primait sur le droit. Il arrivait souvent que l’innocent se retrouvât en prison tandis que le riche, même si c’était le plus infâme des coquins, s’en allait libre comme l’air ! 

Nuit de neige - Guy de Maupassant




La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.

Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

dimanche 2 décembre 2012

Tout va très bien, Madame la Marquise - Paul Misraki



-Allo, allo James ! Quelles nouvelles ?
Absente depuis quinze jours,
Au bout du fil je vous appelle !
Que trouverai-je à mon retour ?
-Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.
Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise :
On déplore un tout petit rien,
Un incident, une bêtise,
La mort de votre jument grise.
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.

-Allo, allo Martin ! Quelle nouvelle !
Ma jument grise morte aujourd’hui ?
Expliquez-moi, cocher fidèle :
Comment cela s’est-il produit ?
-Cela n’est rien, Madame la Marquise,
Cela n’est rien, tout va très bien.
Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Elle a péri dans l’incendie
Qui détruisit vos écuries.
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.

-Allo, allo Pascal ! Quelle nouvelle !
Mes écuries ont donc brûlé ?
Expliquez-moi, mon chef modèle :
Comment cela s’est-il passé ?
-Cela n’est rien, Madame la Marquise,
Cela n’est rien, tout va très bien.
Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Si l’écurie brûla, Madame,
C’est qu’le château était en flammes.
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.

-Allo, allo Lucas ! Quelle nouvelle !
Notre château est donc détruit ?
Expliquez-moi, car je chancelle,
Comment cela s’est-il produit ?
-Eh bien ! voilà, Madame la Marquise :
Apprenant qu’il était ruiné,
À peine fut-il rev’nu de sa surprise
Que M’sieur l’Marquis s’est suicidé.
Et c’est en ramassant la pelle
Qu’il renversa toutes les chandelles,
Mettant le feu à tout l’château
Qui s’consuma de bas en haut ;
Le vent soufflant sur l’incendie,
Le propagea sur l’écurie ;
Et c’est ainsi qu’en un moment
On vit périr votre jument !
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.


                  Paul Misraki


 



Paul Misraki
Paul Misraki (1908 – 1998) naît en Turquie. Il arrive en France en 1915. Dès 1929, il intègre  la troupe de Ray Ventura « Ray Ventura et ses collégiens » et devient le compositeur, arrangeur et pianiste du groupe. Il écrit les paroles et la musique de cette chanson humoristique en 1935, inspiré par un sketch de Bach et Laverne.

Elle a bien entendu  été chantée par Ray Ventura, mais  aussi par Les Compagnons de la Chanson, Sacha Distel …et par plusieurs générations d’enfants à travers toute la francophonie !

Paul Misraki écrira de nombreuses chansons et musiques de film tout au long de sa carrière. Le titre « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » est l’une de ses compositions.
Je vous suggère d’écouter la version amusante de Ray Ventura sur le lien suivant :

La couleur des sentiments - Kathryn Stockett




[…]

« Pose tes fesses, Minny, que je t’explique les règles qu’on doit respecter pour travailler chez une patronne blanche ».

J’avais quatorze ans le jour même. Je me suis assise devant la petite table dans la cuisine de ma mère en jetant des regards en coin vers le gâteau au caramel qui refroidissait sur une étagère avant de recevoir son glaçage. Le jour de mon anniversaire je pouvais manger autant que je voulais. C’était le seul de l’année.

Bientôt je quitterais l’école et je commencerais à travailler pour de bon. Maman aurait voulu que j’aille jusqu’à la neuvième – elle aurait bien aimé elle aussi devenir maîtresse d’école au lieu d’être placée chez Miss Woodra. Mais avec le problème cardiaque de ma sœur et mon ivrogne de père, il restait plus que nous deux. Je savais déjà tout faire dans une maison. En rentrant de l’école, je préparais à manger et je faisais le ménage. Mais si j’allais travailler chez quelqu’un, qui s’occuperait de chez nous ?

Maman m’a pris par les épaules et m’a fait tourner sur ma chaise pour que je la regarde elle et pas le gâteau. Maman, c’était une dure. Elle avait des principes. Elle s’en laissait conter par personne. Elle m’a claqué des doigts à la figure si près que ça m’a fait loucher.

Le mot de Cambronne - Jean Villard – Gilles




On nous dit qu’il est de Cambronne.
C’est bien possible, mais voilà
Très sincèrement je m’étonne
Que notre humanité bougonne
Ait pu s’en passer jusque-là.

Souvenez-vous des temps d’Homère !
Homère d’alors, quel mordant
T’eût donné ce mot légendaire
Si tu avais, grand visionnaire,
Pu te le mettre sous la dent !