jeudi 24 janvier 2013

Vieux et vieille - Jean-Antoine Petit-Senn



Moi dont la soixantaine a mûri la sagesse,
Qui n’ai plus pour l’amour qu’un sourire moqueur,
Je viens de rencontrer ma première maîtresse
Dont l’image dormait au profond de mon cœur !

Je ne sais trop comment je vins à reconnaître,
Sous les besicles d’or à cheval sur son nez,
L’œil où ma jeune ardeur un jour avait dû naître,
L’astre qui me versait des rayons fortunés.

La femme en vert - Arnaldur Indridason




L’inspecteur Erlendur rencontre enfin la mystérieuse femme en vert,  sur la colline où un squelette a été découvert par hasard et où des groseilliers ont  été plantés.

[…]

La femme regarda intensément Erlendur.

-Oui, il y en avait, de la violence…
-Et elle provenait de …
-Comment vous vous appelez ? interrompit la femme.
-Erlendur.
-Et vous avez une famille, Erlendur ?
-Non, enfin, si, une sorte de famille, enfin, je pense.
-Vous n’en avez pas l’air très sûr. Vous êtes gentil avec cette famille ?
-Je pense…

Téléphones d’amour - Gossip





Je t’ai appelée tous les jours
Pour te dire mon amour
Je t’ai appelée toutes les heures
Pour te dire je t’ai dans mon cœur
Je t’ai appelée toutes ces minutes
Pour te dire tu es mon seul but
Je t’ai appelée toutes ces secondes
Pour te dire tu embellis le monde
Quand j’ai reçu la facture Swisscom 1
J’ai failli tomber dans les pommes


Gossip

Amours champêtres - Gossip


Nous étions toi
Nous étions moi
Nous étions toi et moi
À flâner insouciants dans ces champs de colza
Les parfums du printemps nous titillaient les sens
Corps et âme parés
Fins prêts pour l’indécence
Nous allions nous livrer aux bucoliques fantasmes
Quand reniflant les pollens
J’ai eu cette crise d’asthme 


Gossip 

Tombé - Gossip


Je suis tombé sur toi
Nous sommes tombés amoureux
Tu es tombée enceinte
Ma femme nous est tombée dessus
Ça tombe mal


Gossip 

samedi 5 janvier 2013

Confessions d’une accro du shopping - Sophie Kinsella





Harcelée par ses créanciers, Rebecca est obligée de freiner ses dépenses : fini le shopping, vive l’austérité !
[…]

J’entame mon sixième jour d’austérité et je vais affronter l’épreuve cruciale du premier week-end.[…] Mais j’ai bien trop de volonté pour craquer. Ma journée est totalement remplie. […] Au lieu de me complaire dans un matérialisme stupide, je vais me cultiver. J’ai choisi le Victoria and Albert Museum, car je n’y suis jamais allée. Je ne sais même pas ce qu’on peut y voir. Des statues de la reine Victoria et du prince Albert ?

Je suis persuadée que ce sera passionnant et stimulant. Et surtout gratuit !

Le soleil brille quand je sors du métro à South Kensington, et j’avance à grandes enjambées, très contente de moi. En général, je gaspille mes matinées du samedi devant Live and Kicking 1 et ensuite je me prépare à faire les magasins. Mais voyez ! Je me sens soudain mûre et citadine comme un personnage de Woody Allen. Il ne me manque plus qu’une longue écharpe en laine et des lunettes de soleil pour ressembler à Diane Keaton. (Une Diane Keaton jeune, évidemment, et sans les vêtements soixante-dix.)

Lundi, quand on me demandera comment s’est passé mon week-end, je pourrai lâcher, l’air de rien : « Je suis allée au V & A. » Non, voilà ce que je répondrai : « J’ai fait une expo. » C’est beaucoup plus cool. (Pourquoi les gens disent-ils qu’ils ont fait une exposition ? On dirait que ce sont eux qui ont peint ou sculpté les œuvres !) Alors on s’étonnera : « Vraiment ? Je ne savais pas que l’art vous passionnait, Rebecca. » Et je poursuivrai, d’un ton suffisant : « Mais si. Je passe la plupart de mon temps libre dans les musées. » J’aurai droit à un regard impressionné et…

Absorbée par mes pensées, je dépasse l’entrée. Imbécile ! […]

Complainte amoureuse - Alphonse Allais



Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
En vain je priai, je gémis :
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis.
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid voir ce que j’y mis.