jeudi 30 août 2012

La chanson d’Azima - Michel Berger


C’est la vie qui s’en va
La faute à pas de chance
Quand le désert avance
Ou  Dieu qui nous foudroie

Et le désert avance
Plus personne n’y croit
C’est notre déchéance
L’impossible combat

Quand le désert avance
Que veux-tu que l’on soit ?
Les femmes Touaregs dansent
Elles-mêmes n’y croient pas

Dans leurs souvenirs d’enfance
Les chasseurs étaient là
Mais le désert avance
Le sable devient roi

Et c’est notre souffrance
Qui coule entre nos doigts
Dans ces dunes immenses
Qui donc y survivra ?

Mais toi qui viens de France
Où l’on oublie qu’on boit
Dis-leur ce que tu penses
Dis-leur ce que tu vois

Dis-leur quelle est leur chance
Et qu’ils ne la voient pas
Et qu’on meurt d’impuissance
Mais qu’on garde la foi

Que le désert avance
Et l’eau n’arrive pas
Sans cette délivrance
Nous n’avons plus le choix

Dis-leur que la nuit tombe
Sur cette affreuse urgence
Et que c’est sur nos tombes
Que le désert avance

                      Michel Berger



Michel Berger
Michel Berger est l’auteur-compositeur  de cette magnifique chanson. Elle est interprétée en 1987 par son épouse France Gall, dans l’album « Babacar ».

Histoire de la chanson :

 Michel  écrit ce texte en 1986, suite à sa première visite au Mali, dans le cadre de l’association Action-Ecole. En compagnie de France, ils  se rendent à Tombouctou, capitale du pays, située dans le Sahel africain.  Historiquement, cette ville a été un fleuron commercial et culturel dont l’apogée se situe au XVI ème siècle. De nos jours, un impitoyable processus de désertification fait que la ville est  encerclée par les sables. Cette avancée du désert est à l’origine d’une grande pauvreté de la population locale, qui ne parvient plus à se nourrir, sans oublier que les personnes les plus fragiles souffrent de maladies transportées par les gros nuages de sable (problèmes respiratoires, fièvres, douleurs oculaires). D’ailleurs, des études ont révélé que la mortalité infantile y est 2 fois plus élevée que dans les régions pauvres mais non desséchées… Michel Berger a constaté cette effroyable misère et vu des gens mourir dans la rue… Un jour, il fait la connaissance d’un jeune enfant Touareg nommé Azima, et est bouleversé par son existence faite d’un si grand dénuement. Il  décide de dénoncer cette situation tragique dans une chanson, écrite sous forme de lettre imaginaire, où Azima s’adresse aux français, et plus largement aux occidentaux privilégiés que nous sommes.

« Jannick Top signe l’arrangement in extremis en allant chercher la chanson dans la poubelle où Michel l’avait jetée, découragé de ne pas trouver lui-même un arrangement musical », écrit France Gall sur le feuillet de son album « Évidemment », à propos de la chanson d’Azima.

Par la suite, pour le tournage du clip, l’équipe retrouve le jeune Azima, qui a bien grandit depuis. C’est donc lui que l’on peut voir à l’écran.

Depuis quelques années, le gouvernement malien, soutenu financièrement par des organisations occidentales, entreprend des actions visant à sauver Tombouctou, mais également d’autres  cités de cette région du nord du pays. Le processus de dégradation des sols qui entraîne une avancée du désert est dû à des facteurs naturels et climatiques (réchauffement, faibles précipitations), mais également à l’activité humaine (pratiques agricoles inadaptées, surpâturage, feux de brousse). Le programme de lutte contre la désertification comprend la fixation des dunes, ainsi que la plantation d’arbres (eucalyptus). Ces travaux semblent être efficaces. Mais la tâche est immense, puisque les 2/3 du territoire du Mali sont des zones arides ou semi-arides. (Pour plus d’informations, visitez le site du ministère de l’environnement et de l’assainissement du Mali http://www.environnement.gov.ml/index.php?page=desertification)

Mon avis :

Une magnifique chanson à l’orchestration originale que les radios devraient diffuser plus souvent : son message nous rappelle à quel point nous sommes chanceux de pouvoir boire en ouvrant simplement un robinet, alors que d’autres meurent de soif. Plus de 40 % de la surface du globe est constituée de terres arides ou semi-arides, sur lesquelles vit 1/3 de la population mondiale !  Et, comme le dit Berger, cette chance nous ne la voyons pas…
Une raison de plus nous encourageant à faire preuve d’une attitude respectueuse et responsable vis-à-vis de l’eau, pour ne pas gaspiller cet or bleu synonyme de vie.
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