Quand il neige sur mon pays
De gros flocons couvrent les branches,
Et les regards sont éblouis
Par la clarté des routes blanches.
Et dans les champs ensevelis,
La terre reprend le grand somme
Qu’elle fait pour mieux nourrir l’homme,
Quand il neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays,
On voit s’ébattre dans les rues
Les petits enfants réjouis
Par tant de splendeurs reparues.
Et ce sont des appels, des cris,
Des extases et des délires,
Des courses, des jeux et des rires,
Quand il neige sur mon pays.
Quand il neige sur mon pays,
C’est que tout le ciel se disperse
Sur la montagne et les toits gris
Qu’il revêt de sa claire averse,
Ou qu’une avalanche de lis 1
De sa pureté nous inonde…
C’est le plus beau pays du monde
Quand il neige sur mon pays !
Albert Lozeau
Note :
1 : « les lis » et « les
lys » sont des synonymes. La rime
exige ici l’emploi « des lis ».
L’auteur :
Albert Lozeau |
Albert Lozeau naît en 1878 au Canada. Enfant de santé
fragile, il souffre dès l’âge de 13 ans du mal de Pott. Cette maladie est due à
l’infection des vertèbres par le bacille de la tuberculose, engendrant ainsi des contractures musculaires importantes :
Albert Lozeau s’est peu à peu paralysé.
À 18 ans, il est immobilisé dans son lit, mais il est encore capable d’écrire.
Il y reste cloué jusqu’à sa
vingt-sixième année. Cet alitement forcé est à l’origine de sa vocation
littéraire. Il écrit dans la préface de son premier recueil de poèmes,
« L’âme solitaire », publié en 1907 : « J’ai rimé pour
tuer le temps, qui me tuait par revanche ».
Par la suite, plusieurs opérations chirurgicales lui permettront de s’asseoir sur une chaise. Il pourra ainsi observer la nature de sa fenêtre, lire, recevoir des amis. Son premier recueil rencontre un franc succès auprès du public. Encouragé par cet accueil, il persévère dans cette voie et écrira toute sa vie des poèmes, des articles, des textes divers. En 1911, il devient membre de la Société royale du Canada, un organisme qui regroupe les plus éminents universitaires, humanistes, scientifiques, hommes de lettres et artistes canadiens. En 1912, il reçoit le titre d’officier de l’Académie du gouvernement français.
En 1924, il décède d’une congestion cérébrale, il a 46 ans. Un recueil poétique en trois volumes est publié en 1925 et 1926. Le poème « Quand il neige » (1926) en fait partie.
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