Tableau de Carolus- Duran (1838-1917) |
Je m’embarquerai, si tu le veux,
Comme un gai marin quittant la grève
Sur les flots dorés de tes cheveux
Dans le paradis fleuri du rêve.
Ta jupe flottant au vent du soir
Gonflera ses plis comme des voiles
Et quand sur la mer il fera noir
Tes beaux yeux seront mes deux étoiles.
Ton rire éclatant de vermillon
Sera le fanal de la grande hune
J’aurai ton ruban pour pavillon
Et ta blanche peau pour clair de lune.
Nos vivres sont faits et nos boissons,
Pour durer autant que le voyage
Ce sont des baisers et des chansons
Dont nous griserons tout l’équipage.
Nous aborderons je ne sais où
Là-bas, tout là-bas, sur une grève
Du beau Pays bleu, sous un ciel fou,
Dans un paradis fleuri du rêve.
Jean Richepin
L’auteur :
Jean Richepin |
Jean Richepin est né en 1849. D’origine française, il est fils de militaire. Après de brillantes études, il obtient une licence en lettres. Ensuite, il voyage pendant quelques années et choisit une vie de bohème, exerçant de nombreuses professions (matelot, docker, professeur, journaliste,…). Dès 1873, il se tourne vers le théâtre, devient acteur, mais également auteur de pièces et de spectacles. Auteur prolifique connu par ses contemporains pour son franc parler, son extravagance, son sens de la dérision et son caractère très affirmé, il publie de nombreux romans, contes, nouvelles, poèmes (le recueil de poèmes « La chanson des Gueux »publié en 1876, lui valut une peine d’emprisonnement, ainsi qu’une amende pour outrage aux bonnes mœurs et à la morale publique). Ses thèmes de prédilection sont les petites gens, les plus humbles et les marginaux, n’hésitant pas à les mettre en scène dans un langage parfois argotique. Il met aussi en musique et chante ses propres compositions. En 1908, il intègre l’Académie Française. Il décède en 1926 à 78 ans d’une infection pulmonaire.
Si vous désirez étoffer la biographie de Jean Richepin, je vous suggère de vous rendre à l’adresse suivante :
Le poème :
Un très beau poème, romantique à souhait, qui nous plonge dans l’univers de la marine que Jean Richepin appréciait tant. Les parallèles très classiques entre la femme et la mer sont ici particulièrement évocateurs. Le texte est bien construit, avec une formulation simple et très agréable à lire.
Les œuvres de Jean Richepin sont malheureusement tombées dans l’oubli, même si ses magnifiques textes ont été repris, en leur temps, par des célébrités telles que Brassens (« Les oiseaux de passage »), Piaf, Barbara ou Tino Rossi (« Le paradis du rêve)…
Pourquoi ne pas redécouvrir le travail de cet auteur ?
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