dimanche 18 mars 2012

Le pont Mirabeau - Guillaume Apollinaire


Sous le pont Mirabeau coule la Seine
         Et nos amours
      Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
         Tandis que sous
      Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
         L’amour s’en va
      Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours passent les semaines
         Ni temps passé
      Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

         Vienne la nuit sonne l’heure
         Les jours s’en vont je demeure
 
Extrait du recueil de poèmes : « Alcools. » de Guillaume Apollinaire




Ce poème est publié en 1913, dans le premier recueil de poèmes d’Apollinaire (1880-1918) titré « Alcools ». Il lui aura fallu 15 ans pour achever les 52 poèmes de cette œuvre…

 Guilaume Apollinaire
 Marie Laurencin

Pour écrire « Le pont Mirabeau », le poète  s’inspire de sa liaison houleuse avec la peintre Marie Laurencin, que Picasso lui a présenté en 1907, lors d’une exposition à laquelle elle participe. Guillaume a dit d’elle : « C’est un petit soleil ; c’est moi dans la forme féminine. » Pour rendre visite à Marie, son chemin emprunte le pont Mirabeau, qui enjambe la Seine. Lors de leur rupture en 1912, Apollinaire va assimiler ce pont à leur aventure commune. Dans une lettre adressée en 1915 à Madeleine Pagès (une enseignante en lettres qui deviendra sa fiancée), il écrit à propos de ce poème, qu’il est comme « la chanson triste de cette longue liaison brisée ».

Ces vers sont riches en interprétations, du fait qu’ils ne comportent aucune ponctuation. L’eau qui coule sous le pont, métaphore classique pour la fuite du temps, contraste avec la fixité d’Apollinaire, résigné à son chagrin. La grande musicalité du poème, associée à la récurrence d’un refrain de deux vers entre chaque quatrain, comme une litanie mélancolique, ont certainement contribué à en faire les paroles parfaites pour une chanson…D’ailleurs beaucoup d’artistes y ont pensé. Je ne vous citerai pour exemple, que Marc Lavoine, Léo Ferré ou Serge Reggiani.

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